INGLES,ITALIANO,FRANCES Y ALEMAN

lunes, 4 de marzo de 2013

histoire de la démocratie chrétienne

Dans De l’indignation à l’engagement, Jacques Barrot, membre du Conseil Constitutionnel et ancien commissaire européen, se pose la question de la descendance, ou plutôt de l’absence de descendance, de l’humanisme chrétien. Cet ouvrage est pour lui l’occasion de revenir sur son parcours, sur ses convictions et sur son engagement. Un livre qui peut donc tout aussi bien se lire comme des mémoires que comme un essai.

 histoire de la démocratie chrétienne

La première partie est consacrée à l’histoire de cet humanisme chrétien et à ses sources. Sa naissance date de la troisième république et du ralliement au nouveau régime menée par Léon XIII à partir des années 1880. L’humanisme chrétien trouve en effet son origine dans la progressive acclimatation des Chrétiens – entendus ici au sens de catholiques – à la République. On pourra au passage remarquer le parti pris, historiquement défendable, de ne pas revenir aux sources du libéralisme catholique, illustrées par Charles de Montalembert ou Henri Lacordaire par exemple.
L’ouvrage fait état des débats longs et difficiles entre les partisans d’un catholicisme libéral et moderne, et ceux d’un catholicisme de combat, fermé sur lui-même. La condamnation de l’Action française en 1926 par le pape Pie XI marque à cet égard une étape importante. L’affrontement sera également marqué par des personnalités telles que Marc Sangnier, fondateur du Sillon et du mouvement des Auberges de jeunesse, ou Jacques Maritain, philosophe qui théorisa la distinction entre « agir en tant que chrétien » et « agir en chrétien » Selon la première option, il s’agit pour le fidèle de se définir dans le champ politique comme uniquement chrétien. Dans le deuxième cas, on conduira une action politique en se définissant comme un citoyen guidé par des valeurs chrétiennes [1]. Enfin, le rôle qu’ont joué les humanistes chrétiens dans la construction européenne, sur le plan des idées comme de l’action, est rappelé avec justesse.
De grandes figures historiques
Dans une deuxième partie, l’auteur nous fait connaître quatre figures de la démocratie chrétienne, anciens résistants qui ont marqué la vie politique de l’après-guerre, au MRP [2] ou ailleurs : Germaine Poinso-Chapuis, Eugène Claudius-Petit, André Diligent et Joseph Fontanet. Jacques Barrot fait entrer ces personnalités dans son panthéon notamment pour leur sens profond du dialogue – social, politique et spirituel – mais aussi pour leur fidélité intransigeante à leurs valeurs. L’auteur établit une continuité dans leur parcours. Les démocrates chrétiens sont ainsi les enfants du renouveau associatif et institutionnel de l’entre-deux-guerres [3]. Mais l’expérience du maquis marque pour eux un tournant décisif dans la vie des hommes et des femmes qui y ont pris part. Elle constitue un creuset où se fixent leurs idéaux mais aussi leurs comportements pratiques, guidés par le message chrétien.
Un consensus peut-il être intransigeant ?
Dans une dernière partie sont proposées des solutions pour répondre aux défis soulevés par la crise actuelle dans ses dimensions économique mais aussi sociale et politique. Les propositions de l’auteur peuvent laisser sceptique. Ainsi de la proposition de « revaloriser l’Europe ». S’il peut paraître indispensable pour lutter contre la crise, le remède est proposé par un si grand nombre de personnalités que, sans contenu précis, il ne semble guère original. Il en va de même de l’appel de l’auteur à donner davantage de sens et de cohérence à l’action politique. Certes indispensable, cette requête prend dans l’ouvrage la forme d’un vœu pieu. Elle porte la marque de l’angélisme qui, trop souvent, oblitère le jugement des citoyens catholiques.
De même, si l’on ne peut qu’acquiescer aux prises de position de l’auteur en faveur de l’innovation, de l’instruction publique et, d’une manière plus générale, de la croissance, les solutions pour y parvenir paraissent floues. De manière générale, cette partie programmatique se caractérise par la volonté scrupuleuse de maintenir l’équilibre entre une certaine rigueur budgétaire et un niveau minimal de prestations sociales. Le risque d’un tel projet est l’affadissement qui, faute de choix véritable, conduit à manquer l’ensemble des objectifs poursuivis.
En définitive, Jacques Barrot nous livre un aperçu intéressant des idéaux humanistes chrétiens  qui ont inspiré avant lui et continueront d’inspirer de nombreux responsables politiques. Il expose de manière didactique son histoire, ses références intellectuelles majeures, ses figures tutélaires et son rapport à l’Eglise, nous permettant, au fil des pages, de découvrir l’image d’un catholicisme aux prises avec le monde, ne se contentant pas d’exploiter l’indignation mais cherchant à trouver des solutions et à les mettre en application. Toutefois, l’articulation entre les idéaux chrétiens d’une part, le libéralisme, l’Europe et la mondialisation d’autre part, n’est pas évidente, faute d’un discours clair et concret. La lecture de cet ouvrage, entre témoignage et l’essai historique, n’en demeure pas moins passionnante.

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